Photo: ©SMC

Surprise : L’État luxembourgeois subventionne RTL pour une chaîne de radio sans vraiment spécifier ce que la chaîne de radio devrait réellement faire.

La contrepartie des faveurs de l’État a toujours été un programme de télévision en langue luxembourgeoise. L’accord entre le gouvernement et RTL stipulait que l’État ne percevait pas de redevance pour l’utilisation des fréquences et que RTL produisait et diffusait donc le programme d’information „Hei Elei“. Lors des négociations du traité d’État de 2017, le financement direct de RTL a toutefois été évoqué pour la première fois. On suppose que Bertelsmann (le groupe derrière RTL et CLT-UFA) a fait de la contribution financière de l’État une condition pour conserver la chaîne de télévision.

Le souhait d’obtenir des subventions de l’État pour une société privée a entraîné un certain nombre de problèmes juridiques, que le dernier accord tente plus ou moins élégamment de contourner. RTL Luxembourg n’est pas une société indépendante, mais une sorte de division au sein de CLT-UFA, la société milliardaire. Au sein de cette structure, RTL TV, radio et NewMedia (les activités numériques de RTL Luxembourg) coexistent. Le personnel, le contenu et même l’utilisation des locaux, etc. se chevauchent. Si l’État veut dépenser de l’argent pour un programme de télévision, comment s’assurer que la radio ou le site web de RTL n’en bénéficie pas également ? Après tout, ils n’ont pas besoin d’un contrat avec l’État ou de l’argent de l’État. Tant la radio que le site rtl.lu sont rentables et sont également en concurrence avec d’autres radiodiffuseurs et plateformes qui ne bénéficient pas, ou du moins pas autant, de l’aide de l’État. Comment l’argent peut-il encore circuler ?

Une nouvelle station de radio de service public - sans véritable contrat

Le responsable semble savoir qu’il n’est pas possible de séparer les finances de la télévision, de la radio et de l’internet. Cette séparation était déjà prévue dans le traité d’État pour la période 2021-2023, mais n’a probablement pas été revue jusqu’à présent. Pour rendre la structure moins vulnérable, RTL Radio n’est donc pas seulement une partie symbolique, mais aussi une partie financière du „service public“ dans l’accord actuel entre l’État et RTL. Les problèmes liés au droit de la concurrence sont tout simplement ignorés. Au lieu de donner à RTL Radio, tout comme à la télévision, au moins un cahier des charges, l’accord entre l’État et RTL en matière de radio se limite à une page DinA4.

Rien n’est concret. RTL Radio Luxembourg a pour mission de produire un programme radiophonique quotidien qui doit être „principalement“ en luxembourgeois, mais qui doit s’adresser au public „le plus large possible“ du pays. Il n’y a pratiquement pas d’exigences en termes de contenu. Il est fait mention d’„émissions d’information générale“, qui doivent être diffusées „aux heures de pointe“ - que RTL ne définit pas vraiment. Pour la télévision, un volume a été mentionné pour les émissions d’information, éducatives, culturelles et sportives, tandis que pour la radio, il n’y a pas d’exigence ou de ligne directrice vraiment stricte. Toutefois, il est expressément spécifié que RTL peut diffuser autant de publicité que la loi le permet.

Un autre cadeau pour Bertelsmann

En résumé, il faut le dire : RTL Radio Luxembourg fait désormais pleinement partie du service public, mais sans avoir de mission spécifique. RTL Radio Luxembourg peut continuer exactement comme avant - sauf que RTL recevra encore plus d’argent de l’État. L’État n’a pas exigé de RTL un contenu journalistique et des programmes spécifiques en contrepartie et a subventionné aveuglément les programmes d’une station commerciale. Personne ne souhaitait que RTL Radio Luxembourg reçoive un tel contrat, mais c’était la solution la plus pragmatique pour permettre à RTL TV de recevoir de l’argent.

La prochaine partie de la série sur la convention de concession actuelle traitera des dispositions relatives à la composante „plates-formes numériques“ dans le contexte du service public. Jusqu’à présent dans la série:

  1. „Un contrat particulièrement serré, qui posera encore de nombreux problèmes“

  2. „Une “mission de service public” pour un radiodiffuseur commercial“

  3. Le contrôle de la qualité chez RTL ?

  4. Quels sont les objectifs et les missions de RTL - en dehors de l’argent ?

  5. Une „Commission de suivi“ sous le contrôle du ministère

  6. RTL ignore-t-elle son cahier des charges pour la télévision ?