NEWS - Un grand amour pour la télévision privée subventionnée
Tom Weidig couvre-t-il RTL maintenant ?
Tom Weidig. Photo: GilPe (CC BY-SA 4.0) | Hannergrond: Tristan Schmurr
Tom Weidig, membre du groupe de droite ADR à la Chambre des députés, a pris position publiquement pour la première fois dans le débat sur les subventions de RTL. Il se positionne désormais en défenseur de RTL et des subventions publiques : un choc pour ses partisans, qui commentent par dizaines. Il s’agit pourtant d’une décision tout à fait cohérente.
En tant que seul représentant du Parlement au sein de la „Commission de suivi“ de RTL, qui examine le respect de l’accord de concession entre RTL et l’Etat, Tom Weidig dispose d’informations exclusives. Des dossiers que le gouvernement et RTL ont jusqu’à présent gardés secrets sont sur la table du député ADR. Les déclarations et les opinions de Tom Weidig sont donc décisives pour le bon fonctionnement du contrôle et l’ADR s’est récemment mise en position favorable. Dans cette position de force, Tom Weidig a maintenant un problème : s’il critique les artifices financiers de RTL, il risque de voir le Luxembourg se doter d’une télévision publique à l’avenir. Et cela, il faut l’éviter.
RTL et l’identité du pays
La pétition n° 3001 du trésorier de l’ADR Nord, Carlo Kirsch, dans laquelle il demande l’arrêt des subventions à RTL, est „contraire à notre ligne de parti“, a déclaré Tom Weidig dans un post sur Facebook. Et Weidig avait -exceptionnellement- raison : RTL1 a également rapporté à l’époque l’hypocrisie de la pétition. La confusion est évidente au sein du parti : Qu’est-ce que vous faites maintenant, et qu’est-ce que vous vouliez exactement provoquer de plus ?
Avec le vote sur la loi de financement de RTL en mai 2022, Tom Weidig tente d’expliquer à ses collègues du parti que l’ADR a pris position en faveur d’un soutien de l’Etat au monopole des médias privés. Le Wort a publié ce billet hier, et le fait de poser la question dans les rangs de l’ADR ne fait qu’effleurer la surface du désaccord.
Dans les commentaires de l’article, Tom Weidig aborde partiellement la discussion. Il ne voit „aucune alternative“ à RTL TV. Selon lui, la seule autre option, une „TV 100komma7“, comme il appelle la création d’une chaîne de télévision publique, doit être empêchée. L’ADR se considère donc comme un parti pro-RTL. Comme pour d’autres partis d’extrême droite, ce ne sont pas les médias privés commerciaux qui constituent une menace, mais les médias publics qui s’engagent en faveur de la démocratie. Bien que l’ADR souhaite avoir plus d’influence sur le contenu de la programmation de RTL dans son programme, le parti et le radiodiffuseur semblent bien s’entendre, à quelques exceptions près, comme nous l’avons déjà montré ici sur le site. Tom Weidig va même jusqu’à dire à propos de la filiale de Bertelsmann que „sans RTL, nous perdrions beaucoup de notre identité“ et que RTL „ferait beaucoup pour notre langue“.
Capture d’écran : Facebook
Un fan d’extrême droite peut-il contrôler RTL ?
C’est le point le plus explosif de la discussion : À l’heure actuelle, en dehors du ministère des médias, seul Tom Weidig peut réellement examiner RTL. Lui seul a accès aux documents importants que le gouvernement et RTL ont cachés au public jusqu’à présent. Au plus tard le 31 janvier de cette année, RTL doit avoir soumis le prochain audit de ses finances pour 2023. Sur la base de cet audit, il est décidé de financer à nouveau RTL à hauteur de plusieurs millions. Tom Weidig est donc obligé d’intervenir.
C’est à Tom Weidig qu’il incombe d’enquêter sur les raisons pour lesquelles toutes les sociétés et structures autour de RTL Télé Luxembourg, par exemple la Direction de la publicité IP et la société de technologie et de diffusion BCE, mais aussi RTL Radio Luxembourg et RTL NewMedia (Online) font des millions de bénéfices - mais c’est précisément chez RTL Télé que le trou d’un million de dollars est pratiquement créé, que l’État doit ensuite combler. Tom Weidig doit démêler ce que RTL a soudé délibérément et de la manière la plus opaque possible : le mélange de contenu, de personnel et de matériel entre RTL Radio, RTL Télé et RTL Online. Où sont comptabilisés les revenus publicitaires qui circulent sur Internet avec les contributions de la télévision ? Qui paie le personnel qui travaille à la fois pour la télévision et la radio ? Le politicien de l’ADR doit faire pression, exiger des preuves et s’impliquer dans l’affaire.
Mais ses commentaires sur Facebook montrent qu’il mange pratiquement dans la main de RTL et qu’il répète le discours de la direction de RTL - combiné à des comparaisons ridicules.
Capture d’écran : Facebook
Tom Weidig sait aussi que RTL pourrait ne pas survivre à un scandale financier. Et qu’alors la télévision publique redoutée par les radicaux de droite pourrait voir le jour. La question est donc la suivante : Tom Weidig veut-il vraiment contrôler RTL ?