NEWS - Comment la politique médiatique est laissée à l'ADR
Douloureux, encore plus douloureux, extrêmement douloureux
Tom Weidig. Photo: GilPe (CC BY-SA 4.0) | Hannergrond: GilPe (CC BY-SA 3.0)
La Chambre a fait un gros cadeau à l’ADR. Et l’ADR est manifestement prête à l’accepter.
En fin de compte, on se demande comment on a pu en arriver là. Comment la confiance dans les médias a-t-elle été perdue ? Comment un discours de droite a-t-il pu s’imposer dans la critique des médias ? Documentation d’un développement erroné en trois étapes.
Des décennies d’occasions manquées
Méticuleux: Depuis des décennies, au moins depuis les années 1980, l’idée d’introduire un véritable média public au Luxembourg est sur la table. Mais au lieu de fournir à la population une télévision et une radio libres de tout intérêt commercial, le monde politique a choisi à plusieurs reprises de faire des faveurs au plus grand groupe de médias d’Europe. Finalement, il a été décidé de laisser des millions d’euros d’impôts aller à Bertelsmann. La loi de financement de RTL, actuellement en vigueur, a été adoptée par la Chambre avec les voix de la majorité d’alors du DP, du LSAP et des Verts, mais aussi avec les voix du CSV, de l’ADR et des Piraten. La gauche s’est abstenue, personne n’a voté contre.
L’idée du visionnaire Robert Krieps (LSAP) d’une alternative à RTL a été combattue politiquement dès le début, comme le décrit de manière impressionnante la journaliste Pia Oppel dans son article de 2019 „Was keiner hören sollte“ pour le Land. En fin de compte, les idées du DP et du CSV ont toujours prévalu. En tant que membres de la majorité, tant le LSAP que les Verts se sont tus. Les pirates de Sven Clement ont brièvement tenté d’obtenir les informations et les contrats existant jusqu’alors, mais l’offensive de transparence était terminée. Le LSAP, les Verts et la Gauche ont toujours l’alternative à RTL à l’ordre du jour, mais ils n’ont manifestement ni la force ni l’intérêt de mettre cette question sur la liste des priorités.
Les critiques des médias ne proviennent que de l’ADR ?
**Après que le site RTL1.lu a tenté de lancer une discussion sur la position de RTL dans le pays depuis le 1er janvier, la première impulsion politique vient de l’ADR, un parti d’extrême droite. Le candidat de l’ADR aux élections législatives de 2023 et trésorier de la section Nord de l’ADR, Carlo Kirsch, a appelé à „l’annulation de l’accord entre l’État et la CLT-UFA“ et à „la suppression de toutes les subventions de l’État à RTL“ dans une pétition. D’autres membres de l’ADR, tels qu’Alex Rasquin et la candidate parlementaire de l’ADR Krystyna Gawlik, figurent parmi les premiers signataires. Est-ce que des personnes du deuxième rang de l’ADR essaient de détourner une discussion importante et de capitaliser politiquement sur les révélations sur RTL ?
Il est vrai que l’ADR, en particulier son ex-député et ancien porte-parole pour la politique des médias Roy Reding, a été particulièrement critique et a remis en question le soutien de l’État à RTL. Cependant, ce n’est jamais dans le but de créer une alternative de droit public, mais dans une logique néolibérale dure : selon eux, le domaine des médias doit être entièrement laissé au marché. Roy Reding ne fait plus partie de l’ADR, et ce parti a encore plus glissé vers la droite. L’ADR copie encore plus l’AfD en ce qui concerne les „médias grand public“. Dans le programme électoral de l’ADR de l’année dernière, on trouve la grande théorie du complot de la péréquation axée sur les intérêts en ce qui concerne la politique des médias : „Nous ne voyons aucune base dans le droit public et international pour un droit à la migration et rejetons l’influence contrôlée sur les médias, qui présentent toujours la migration de manière positive“ (programme électoral des élections nationales 2023 de l’ADR, p.252) - les penseurs sont maintenant Fernand Kartheiser, Fred Keup et Tom Weidig.
Tom Weidig est chargé de surveiller RTL pour le Parlement.
**Afin de contrôler le respect des règles contractuelles entre l’État luxembourgeois et RTL Luxembourg, il existe une „Commission de contrôle“, qui comprend toujours un membre de la Chambre des députés. Il s’agit de vérifier non seulement les finances, mais aussi le respect des règles éthiques et des exigences en matière de contenu, du moins en théorie. Jusqu’aux élections, Djuna Bernard, des Verts, y représentait le Parlement. Aujourd’hui, c’est Tom Weidig de l’ADR. Une fois de plus. Le membre d’extrême droite de l’ADR, Tom Weidig, pour qui le „plus grand danger pour la démocratie“ est le nombre de journalistes ayant des attitudes „de gauche“ dans les médias, est désormais le représentant officiel du Parlement luxembourgeois pour contrôler le plus grand média du pays.
Les récents scandales, tels que les menaces de Tom Weidig à l’encontre d’un caricaturiste, ont ainsi été révélés comme hypocrites. La Chambre envisagerait un „code de déontologie“ après les déraillements de Tom Weidig, a déclaré Claude Wiseler, président de la Chambre, au nom de la Conférence des présidents après une conversation avec Tom Weidig au sujet de l’affaire des caricatures. C’est précisément cette Conférence des Présidents qui, moins de 3 mois plus tôt, a proposé à l’unanimité Tom Weidig comme seul représentant du Parlement au sein de la Commission de suivi de RTL. La Chambre a ensuite élu Tom Weidig à l’unanimité à ce poste. À l’unanimité.