NEWS - Gagner des clics avec la souffrance des autres
Reportages problématiques sur RTL.lu sur le thème du suicide
Quell: Canva, Jugendinfo.lu
Avertissement : RTL n’utilise pas de trigger warning. Même lorsqu’il s’agit du thème du suicide, RTL considère que les clics sont plus importants qu’un reportage responsable.
Les reportages sur le thème du suicide constituent un défi majeur pour les organes de presse. Ils doivent se demander s’il est vraiment nécessaire de parler de ces cas. Ils doivent être extrêmement sensibles au choix des mots et éviter autant que possible de mentionner des détails, afin de ne pas déclencher l’effet Werther. L’effet Werther (nommé d’après „Les chagrins du jeune Werther“ de Goethe) fait référence à un phénomène selon lequel les gens sont plus susceptibles de se suicider après avoir entendu ou lu un article sur un suicide.
D’un autre côté, ils ne devraient pas non plus faire du suicide un sujet tabou. Le „Programme de prévention du suicide“ allemand a élaboré des lignes directrices pour la presse et décrit, par exemple, que certains mots doivent être évités, comme le mot „suicide“, parce que le suicide est toujours la conséquence d’une crise psychologique et jamais ce que le droit pénal appelle un „meurtre“. L’accent doit être mis sur la douleur de ceux qui restent et le suicide ne doit jamais être présenté comme généralement compréhensible ou cohérent - parce qu’il ne l’est jamais.
Bien entendu, „être sensible à l’utilisation des mots“ n’est pas exactement le point fort de RTL. Cela est principalement dû à l’orientation commerciale de RTL, qui est pourtant censé remplir un „service public“. Un média qui collecte des clics avec des galeries de photos d’accidents de voiture, et qui défend cela avec l’argument du „devoir d’information“, ne va à priori pas faire un travail particulièrement bon sur le thème du suicide. On peut donc presque se réjouir que RTL cache la cause du décès dans le cas de personnes de la vie publique décédées à la suite d’une tentative de suicide. C’est ce qui s’est passé dans un cas au cours de la dernière législature. Mais un tabou est-il la solution ?
Des titres problématiques - mais beaucoup de clics
Chez RTL, il n’y a une fois de plus pas de ligne uniforme, pas de règles internes, pas de contrôle systématique ou même simplement journalistique de ce qui est publié. Il dépend donc du journaliste concerné que le sujet soit traité avec sensibilité et avec l’effort nécessaire. Une approche plus réfléchie, comme dans le reportage RTL de 2019 sur une série YouTube de Stefan Lange, est malheureusement l’exception sur RTL. La règle est plutôt, même lorsqu’il s’agit du thème du suicide, de publier des titres qui font avant tout une chose : générer du drame.
Les exemples suivants ne sont donc pas liés aux articles susnommés, mais sont exclusivement des articles que l’on peut trouver sur le site rtl.lu, et ce dans la courte période des deux derniers mois.
„Un Canadien aurait vendu des milliers de kits de suicide en ligne“ : Cet article décrit une méthode de suicide, ce qui est extrêmement problématique et contre quoi tous les experts ont déjà mis en garde.
„Après avoir été soupçonné de meurtre, un Erythréen de 25 ans se suicide“ : Dans cet article, et même dans le seul titre, le suicide est présenté comme une conséquence compréhensible d’une autre action présumée. Or, un suicide n’est jamais une conséquence logique, mais a toujours des raisons psychologiques complexes et individuelles.
„Un homme tire sur une caissière dans un supermarché, puis sur lui-même“ : Dans cet article, non seulement un féminicide, mais aussi un suicide sont banalisés et romancés comme un „drame relationnel“. (Plus).
Le point commun de tous ces articles est qu’ils ont probablement été copiés et traduits en peu de temps à partir d’articles de presse et de dépêches de l’AFP. RTL cherche à avoir le plus de contenu possible, et les contenus les plus cliquables sur son site. Ce n’est absolument pas nécessaire.
*Cet article est basé sur des informations que nous avons reçues via post@rtl1.lu.
Toute personne qui pense souffrir de dépression ou qui se trouve dans une situation désespérée ne doit pas hésiter à demander de l’aide. SOS Détresse propose également de l’aide : (+352) 45 45 45 . Il existe une ligne dédiée pour les enfants et les jeunes : (+352) 11 61 11 ainsi que Prévention Suicide sur son site web : https://www.prevention-suicide.lu/