Photo: RTL

Alain Berwick, un homme qui a fait une belle carrière à RTL et qui aimait philosopher sur les valeurs de RTL. En 2016, il est tombé du nid qu’il s’y était si joliment construit. Aujourd’hui, il pourrait faire son grand retour chez RTL. Ou plutôt, acheter l’oiseau entier.

Quelles sont les valeurs de RTL? C’est la question que Maison Moderne a posé dans une interview en juin 2016 de celui qui était alors directeur de RTL Luxembourg. Alain Berwick sait de quel type de réponse il a besoin. Les négociations avec le gouvernement sont en cours sur un nouveau contrat de concession, dans lequel RTL doit recevoir pour la première fois une subvention directe de plusieurs millions. Il doit donc présenter sa chaîne comme une source d’information sérieuse.

Il y aurait un „code de déontologie“, répond Alain Berwick. „Le commerce et le journalisme sont séparés“, toute personne qui franchirait ce fossé “n’a pas sa place chez nous”. Même celui qui accepte un cadeau de plus de 75 euros, ou qui rend service à quelqu’un avec un reportage, „n’a pas sa place chez nous“. Alain Berwick sait qu’il dépend de la bonne image de „la marque RTL“ pour être accepté au Luxembourg et pour maintenir sa position de monopole. Il affirme donc des choses dont il doit pourtant savoir qu’elles sont absolument absurdes.

La confusion des genres n’est pas un problème, mais la logique de RTL Luxembourg

Un exemple frappant ? A peu près au même moment où Alain Berwick philosophe sur les valeurs de RTL, RTL fait un reportage sur l’application „Kliber“, qui est censée aider à la recherche d’emploi. RTL ne se contente pas d’un seul reportage, mais en présente plusieurs sur Kliber et présente également l’application lors des „RTL Job Day“. Mais „Kliber S.A.“ est une entreprise dans laquelle RTL est elle-même devenue un investisseur, Alain Berwick siégeant personnellement au conseil d’administration.

Le fait qu’il n’y ait pas de séparation entre le journalisme et le commerce à RTL n’est donc pas un phénomène récent. Alain Berwick lui-même a défendu ce mélange comme personne. Il a commencé sa carrière chez Cactus en 1983. Via IP, le département publicité de RTL, il a atterri à CLT-UFA en 1986. En 1993, il devient directeur d’IP et en 1994, directeur adjoint de RTL Radio et Télévision. Alain Berwick est à la fois directeur de la publicité et directeur des médias. Comme si cela ne suffisait pas, au cours de sa carrière, il siège au conseil d’administration de CLT-UFA et de BCE, est président du conseil d’administration d’Eldoradio, administrateur de „Media Assurances S.A.“, qui fait partie de CLT-UFA, ainsi qu’actionnaire de presque toutes les structures d’entreprise douteuses qui ont été construites pour obtenir le gros contrat autour de l’immeuble de RTL au Kirchberg. Il est l’architecte de la machine à fric RTL Luxembourg.

D’abord un départ peu glorieux, puis un retour fracassant ?

Ironiquement, Alain Berwick a dû démissionner quelques mois seulement après l’interview sur les valeurs de RTL, après s’être immiscé dans les décisions éditoriales et avoir ainsi contribué à déclencher l’affaire Lunghi. Cet incident était la conséquence logique du type de journalisme de boulevard qu’Alain Berwick avait mis en place à RTL. „RTL Boulevard“ et “Model made in Luxembourg” sont également deux formats d’émission qui défendent le principe Berwick. Outre Alain Berwick, Marc Thoma et le rédacteur en chef de la radio, Guy Kaiser, quittent également RTL. Pour la direction de RTL, la règle est : tout doit changer pour que rien ne change.

Alain Berwick ne fait-il pas partie du passé ? Guy Kaiser ne tient plus qu’un blog polémique de droite, Marc Thoma échoue avec „Apart-TV“ et l’ex-directeur Alain Berwick s’est fait discret. Après avoir quitté RTL, il se contente de mener à bien quelques transactions immobilières pour RTL et siège au conseil d’administration de grandes entreprises. Malheureusement, certains signes semblent indiquer qu’Alain Berwick pourrait être non seulement le passé, mais aussi l’avenir de RTL, comme l’a rapporté Paperjam. Selon le journal „Land“, un concept d’Alain Berwick est sur la table de RTL Group. Avec des investisseurs, l’ex-patron de RTL veut reprendre la chaîne de radio rentable et le site web lucratif RTL.lu en 2030, après la fin de l’actuel contrat de concession. Sans doute pour y rétablir ses valeurs.