NEWS - Promesses vides, mensonges et rêves de la convention de RTL (3)
Contrôle de la qualité chez RTL ?

Photo: ©SMC
Dans la série sur l’actuel contrat de concession entre RTL (CLT-UFA) et l’Etat, nous nous consacrons aujourd’hui au premier chapitre. Celui-ci concerne la qualité et le contrôle du contenu.
L’actuelle convention de concession a établi des règles pour le travail de RTL qui visent à définir des principes de base. Au chapitre 1.1. „Engagements généraux“, divers principes de base sont énumérés, comme le fait que RTL ne peut pas inciter à la violence. Un paragraphe traite de la protection des mineurs, mais reste vague. Globalement, il est nécessaire de „respecter les sensibilités intellectuelles et morales du public“ et de „se conformer aux bonnes mœurs“ et il s’agirait de „transmettre des valeurs humaines“.
Une qualité qualitative
Un autre feu d’artifice de mots vides de sens est regroupé autour d’un terme que Xavier Bettel a également mis en exergue à plusieurs reprises dans la présentation de la concession : la qualité. La convention de concession stipule : „en ce qui concerne leur contenu, ils doivent être de qualité“. Qu’entend-on par qualité selon la convention ? Tout d’abord, que la qualité doit rester au même niveau qu’auparavant. Cependant, ce „niveau“ n’est pas défini. Deuxièmement, les journalistes de RTL doivent avoir reçu une formation et continuer à en recevoir, y compris en ce qui concerne l’utilisation de la langue luxembourgeoise. La fréquence de cette formation et les personnes qui la dispensent ne sont pas décrites. Troisièmement, la rédaction, chargée de traiter les informations générales, doit être composée de journalistes professionnels. Or, il n’existe pas d’organigramme de RTL Luxembourg : de combien de rédactions dispose le radiodiffuseur ? Quatrièmement, RTL doit disposer d’un matériel technique de qualité. Rien n’est dit.
Le „Land“ explique sa volonté d’inscrire des conditions dans le contrat en réaction à une affaire récente : „Rédigé dictionnaire des synonymes en main en marge de l’interminable shitstorm consécutif à l’affaire Lunghi/Schram“. À l’époque, RTL et le ministre des médias ont été confrontés à un scandale médiatique au moment le plus inopportun. Au cours des négociations sur un nouveau contrat de concession, des pratiques très douteuses au sein de RTL ont soudainement été discutées publiquement. Il était clair qu’à ce moment-là, le contrat entre l’État et RTL devait être critiqué afin d’écarter le projet de la scène politique. D’où l’idée de lancer le concept de qualité. Cela a manifestement fonctionné.
Contrôler c’est bien, s’autocontrôler c’est mieux
Mais comment vérifier si le RTL adhère réellement aux valeurs et aux vagues critères de qualité fixés ? Par exemple, plus de 50 % des articles sur RTL.lu sont mis en ligne sans nom d’auteur : qui vérifie si seuls des journalistes professionnels ont été chargés de traiter l’information ?
RTL et surtout sa maison mère Bertelsmann ont toujours lutté contre le contrôle de l’État. Jean-Louis Schiltz avait empêché toute forme de contrôle des médias par l’État lorsqu’il était ministre des médias pendant les négociations de l’accord de concession de 2007, estimant qu’il était „trop coûteux“. Il est aujourd’hui directeur du conseil d’administration de la CLT-UFA. Et bien sûr, le ministre libéral des médias Xavier Bettel ne voulait pas être celui qui donnerait à une autorité de contrôle publique trop de pouvoir sur le monopole des médias RTL. Le contrat de concession reprend donc le mantra d’autocontrôle de Bertelsmann dans l’espoir de convaincre les citoyens.
Comment RTL devrait s’autocontrôler
Les journalistes de RTL sont tenus par la concession à „la véracité, l’objectivité et l’honnêteté“, mais aussi à „la loyauté envers l’employeur éditeur“. La concession souligne que les journalistes de RTL doivent adhérer à la „Charte des Journalistes de RTL Luxembourg“, c’est-à-dire à ses propres règles. Le code de déontologie du Conseil de la presse luxembourgeoise est également mentionné ailleurs, mais d’une manière qui n’est finalement pas claire, mais qui est désormais réellement contraignante : Il s’agirait de „respecter les principes énoncés dans le code de déontologie du Conseil de la presse“.
Une „cascade de responsabilités“ doit rendre la hiérarchie responsable du contenu en interne chez RTL. Il est ensuite précisé que RTL mettra en place son propre conseil d’éthique, qui ne sera composé que de son propre personnel et qui contrôlera le contenu sur la base du code d’éthique de RTL. Le conseil d’éthique ne peut être activé qu’à l’intérieur de RTL, et non de l’extérieur. Toutefois, l’État serait informé des détails les plus importants par le biais d’un rapport, et le PDG de RTL Luxembourg devrait échanger des points de vue avec le commissaire du gouvernement „de manière étroite et régulière“, selon le contrat. ALIA, le véritable organe de surveillance des médias au Luxembourg, est à peine mentionné - nous comptons tellement sur lui que l’autocontrôle permettrait de toute façon de résoudre tous les problèmes.
Si le système de contrôle fonctionne, personne ne peut contrôler
De nombreux détails ne sont pas clairs et de nombreuses questions restent sans réponse. L’un des plus gros problèmes est une fois de plus la structure organisationnelle absolument opaque de RTL. Qui travaille pour quel département éditorial, qui est journaliste, qui doit adhérer à quelles règles et quand le contenu commercial et le contenu journalistique se mélangent-ils ? Quand le conseil d’éthique intervient-il et comment procède-t-il ?
La prochaine partie de la série sur le contrat de concession actuel traitera du contenu que RTL est censé produire. Jusqu’à présent dans la série: