NEWS - RTL et la police unissent leurs forces (1)
Les parts d'ombres des histoires de RTL
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Il n’y a pas que les policiers qui sont aveugles au côté droit, parfois leurs victimes aussi.
L’article „Témoin recherché : Policier frappé au visage lors d’une confrontation en ville“ sera publié sur le site de RTL.lu le jour même de la fête nationale, le 23.06.2021. Il s’agit, comme c’est systématiquement le cas à RTL, d’une copie des informations du Rapport de police de la nuit précédente. Aucune de ces informations n’est vérifiée. Il ressort également clairement du rapport de police que la police ne s’est pas contentée d’observer, mais qu’elle est intervenue d’une manière telle qu’une personne a été transportée à l’hôpital. RTL aurait dû à tout le moins préciser qu’en copiant les déclarations du rapport, elle reproduisait la représentation d’une seule des parties. Or, les déclarations de la police ne sont pas remises en cause. En outre, l’appel à témoins de la police est copié, ce qui signifie que RTL transmet les témoins directement à l’autorité qui est manifestement intéressée par une représentation particulière des faits.
Les vidéos qui se sont rapidement répandues sur les médias sociaux après l’incident créent rapidement une image différente de celle que peint la police. L’une des images montre un policier frappant aveuglément avec une matraque. Quelques jours plus tard, RTL rapporte l’information „Après une bagarre de masse derrière le palais : Deux enquêtes : L’une pour rébellion et l’autre pour bavure policière“ - cependant, les deux enquêtes ne tournent pas autour de la même affaire. Dans l’un des deux incidents, l’IGP a entre-temps ouvert une enquête pour faute policière. RTL écrit : „Dans cet incident, une personne a été gravement blessée au visage“. Comme si la blessure de la personne, qu’ils n’ont pas mentionnée jusqu’à présent, était connue de tous. RTL fournit également le contexte dans cet article : „A 2h30 du matin, un groupe de jeunes s’est révolté derrière le palais et a provoqué les forces de l’ordre. Les vidéos dont nous disposons montrent des confrontations violentes et la façon dont la police a fait usage de gaz poivré et de matraques“. Il s’agit d’une description extrêmement partiale et non objective qui résout fondamentalement toutes les questions, mais qui préjuge déjà d’un „groupe de jeunes“ en l’accusant d’avoir un comportement „rampant“, peu importe ce que cela signifie. Avec cette représentation, RTL prépare déjà le terrain pour l’argument de la police.
„Que s’est-il passé exactement“ ?
Pendant ce temps, des photos du jeune homme de 19 ans victime de violences policières sont visibles sur les réseaux sociaux. Le blessé risque de perdre son œil, son avocat porte plainte. Il est temps pour RTL d’enquêter à nouveau. Le 3 juillet, plus de 10 jours après les faits, un grand reportage est diffusé dans le Journal du soir. Frank Goetz anime l’émission : „Que s’est-il passé exactement la veille de la fête nationale derrière le palais ? La police parle le lendemain d’une échauffourée, d’une rébellion contre les policiers“. Bien sûr, il ne mentionne pas que RTL a également écrit exactement la même chose à ce moment-là. RTL essaie maintenant de prendre la position d’un observateur indépendant. Avec le reportage suivant de Jeannot Ries, RTL fait en réalité le contraire. L’avocat de la victime est autorisé à expliquer pourquoi la plainte a été déposée et qu’il existe une vidéo et un examen par la clinique qui montreraient que la blessure provient clairement d’une matraque de police.
Cependant, à la moitié du reportage, RTL discrédite la victime : „Le jeune Eschois faisait la fête à la veille de la fête nationale. Il avait déjà eu affaire à la police et à la justice ce printemps. À cause d’une infraction à la législation sur les stupéfiants et d’une bagarre entre étudiants sur la Kinnekswiss. Ce sont les faits“. L’information concernant une infraction à la législation sur les stupéfiants et une bagarre entre étudiants sur le Kinnekswiss n’a rien à voir avec le sujet du rapport. Quoi qu’il en soit, Jeannot Ries qualifie de „faits“ ces accusations sournoisement évoquées et hors contexte, qui iraient à l’encontre des soupçons toujours „dans l’air“ concernant les violences policières à la veille de la fête nationale. La question se pose également de savoir où RTL a obtenu cette information sur la victime. Elle ne peut en effet provenir que de la police. Et pourquoi RTL enquête-t-elle sur les antécédents de la victime plutôt que sur ceux de l’auteur de la violence, le policier ? Dans l’ensemble, RTL laisse donc ouverte la question de savoir qui est l’auteur et qui est la victime.
Le perroquet de la police
Un autre rapport établissant un lien entre RTL et l’incident a été publié le 27 septembre 2021 : „Après des incidents à la veille de la fête nationale : La police dépose 6 plaintes pour insultes et menaces“. Contrairement à ce que suggère le titre, il s’agit de plaintes contre des personnes qui ont insulté et menacé la police dans des messages en ligne - il n’y a donc pas de „lien“ direct. La nature des insultes et des menaces n’est pas claire non plus. RTL copie un „exemple“ donné par le Lëtzebuerger Wort - contrairement au Wort, RTL ne mentionne pas qu’il n’y a pas de confirmation que c’est réellement le cas.
Deux mois plus tard, l’IGP demande la suspension du policier qui a gravement blessé sa victime au visage la veille de la fête nationale. [RTL fait preuve d’une grande retenue (https://www.rtl.lu/news/national/a/1814193.html), se contentant de reproduire l’information et de la faire confirmer par le ministre de la Police. Concernant le policier, RTL se contente de conclure : „Il n’a pas encore été jugé dans cette affaire, la présomption d’innocence s’applique donc à lui.“ Contrairement aux autres articles, les précédents reportages de RTL ne sont plus liés.