Photo: Jan Voth / Bertelsmann Stiftung (CC BY-SA 3.0)

Ce que Xavier Bettel a à voir avec cette milliardaire allemande - et ce que sa fortune a à voir avec RTL Luxembourg.

Elle est l’une des personnes les plus riches d’Allemagne - sa fortune est estimée à 7 milliards d’euros. Liz Mohn. Qu’est-ce que le Luxembourg a à voir avec elle ? C’est très simple : L’argent des contribuables luxembourgeois (oui, cela existe !) se déverse lentement par milliards sur la fortune de cette femme. Mais qui est-elle ? Et comment en est-elle arrivée là ?

Comme tous les super-riches de ce monde, Liz Mohn n’a évidemment pas travaillé pour gagner son argent. Certains exploitent, d’autres fraudent. Liz Mohn a hérité - pratiquement sans payer d’impôts. De son mari, Reinhard Mohn, qui a lui aussi hérité et s’est enrichi en tant que nazi pendant le national-socialisme, mais c’est une autre histoire. C’est ce que nous voulions raconter ici : Depuis la mort de l’alt-nazi et patron de Bertelsmann Reinhard Mohn en 2009, Liz Mohn est non seulement devenue une grande héritière, mais elle siège également au conseil d’administration de la société de gestion Bertelsmann.

Qu’est-ce que cela a à voir avec le Luxembourg ? Beaucoup de choses. Car RTL Luxembourg appartient à l’empire médiatique de Liz Mohn, la société Bertelsmann. Et RTL a le statut de radiodiffuseur public, ce qui signifie qu’environ 10 millions d’euros provenant des impôts sont versés à RTL chaque année. Et comme il n’y a pas de radiodiffuseur public derrière RTL, mais une société privée à but lucratif appelée Bertelsmann, cet argent arrive par plusieurs détours chez Bertelsmann, et donc aussi chez la principale héritière, Liz Mohn. Les Luxembourgeois disposent grâce à cela d’un radiodiffuseur de qualité, RTL, connu pour ses enquêtes sérieuses, son contenu sans publicité et ses reportages critiques à l’égard du gouvernement.

Mme Mohn a naturellement reçu un prix pour le courage dont elle a fait preuve en parvenant à faire passer ce marché gagnant-perdant. Et de la part du peuple lui-même : les Luxembourgeois. En 2016, ce n’est pas moins que Xavier Bettel qui a accroché une chaîne autour du cou de la puissante milliardaire. Sur cette chaîne était accroché le „Komturkreuz de l’ordre de la couronne de feuilles de chêne du Grand-Duché“. Si vous vous êtes endormi au milieu de cette trop longue série en trois parties, voici la bonne nouvelle : vous faites partie du public cible de RTL ! Vous êtes donc l’une des victimes de Liz Mohn. La boucle est bouclée.

Bettel est d’ailleurs tout au plus une célébrité D ou F parmi les stars que Liz Mohn fréquente tant. Elle connaît Jänni et Männi, c’est-à-dire Merkel, Schröder, Steinmeier, Scholz. Elle possède un empire médiatique. Qui ne serait pas gentil avec elle ?

Lorsque vous entendez Mohn parler, elle semble quelque peu sénile, et surtout elle semble dire la même chose à chaque interview. Mais derrière tout cela se cache un cerveau stratégique qui travaille dur. Liz Mohn est à l’origine de nombreuses fondations „d’utilité publique“. Cela lui permet non seulement de soigner son image, mais aussi [et surtout] d’éviter les impôts (https://www.youtube.com/watch?v=r8XjacAsEfs). L’argent des impôts n’est bon que s’il atteint son propre niveau.

Il y a donc la „Fondation Liz Mohn pour la culture et la musique“ et le „Centre Liz Mohn“, mais ceux qui voulaient voir derrière ces noms quelque chose comme du narcissisme devraient avoir honte, car il y a aussi la „Stiftung Deutsche Schlaganfall-Hilfe“. La plus importante, cependant, est la Fondation Bertelsmann, dont Liz Mohn est la présidente : l’une des fondations les plus influentes d’Allemagne. Une association de lobbying par excellence, qui prône la privatisation de presque tous les domaines publics. À tel point que de nombreux juristes remettent en cause son statut d’utilité publique.

Après tout : sur le plan personnel, Mme Mohn doit être une personne extrêmement agréable et empathique. Dans ses mémoires, elle raconte comment elle a élevé ses enfants à être des profiteurs -mais avec amour- dès leur plus jeune âge. Lorsque les enfants trouvaient des fleurs sur le bord de la route, ils devaient en faire un commerce et vendre les déchets. Tout simplement réconfortant !